Café-jardin


Suite à l'expérience encourageante vécue lors de notre premier café jardin à l'Atelier du Ruau:

Nouveau "Café-jardin"  Mercredi 28 mai dès 18h00

avec les familles Rordorf-Devaux et Amstutz
Lieu : Route de la Falaise 3 à Marin.




 6 ateliers différents vous sont proposés

Echanges de plantons et d'expériences (trucs de jardiniers, purin d'ortie, compost, "incroyables comestibles", etc.)
Venez simplement avec votre panier-pic-nic-nappe-carrolée pour un moment convivial sous le pommier ! Possibilité de cuire du pain dans le four à bois, si vous apportez votre pâte.


Café-jardin du 5 avril 2014 à l'Atelier du Ruau

Cultiver son jardin, un acte de résistance



Une belle assistance de jardiniers amateurs a répondu samedi 5 avril à l'invitation du 'Café-jardin' pour un échange de semences et d’expériences.  En première partie Sylvie Perrin-Amstutz a placé cet échange dans le contexte des menaces que les multinationales agroalimentaires font peser sur la reproduction naturelle des graines. Semer, cultiver un potager,  mettre des îlots de biodiversité en milieu urbain, est devenu un acte résistance.



Sauvegarder nos semences paysannes 

La vocation de l’agriculture consiste à nourrir les êtres vivants. Mais depuis la fin de la 2e guerre mondiale, l’agriculture a été progressivement détournée de ce but. L'aspect économique a pris le dessus sur l'aspect nourricier. Les changements semblaient d'abord être un progrès et soulager les travailleurs : Le cheval a été remplacé par le tracteur. Les engrais, les pesticides étaient appelés à fertiliser les cultures. Mais avec le recul, nous constatons qu'ils ont tué la vie grouillante des sols. La monoculture, visant augmenter la rentabilité a déroulé ses tapis uniformes sur les champs et la biodiversité a accusé le coup. En plus, l'industrie agroalimentaire cherche à s’octroyer le monopole sur la reproduction des semences et sur leur vente.
Etranges conséquences de ces inventions modernes qui étaient sensées lutter contre la famine ! Elles n’ont fait que creuser le fossé entre riches et pauvres. Imperturbables, les multinationales continuent d’orchestrer ce rapt sur le vivant.


Pierre Rabhi, fondateur du mouvement des Colibris le dénonce:
"Un processus d’usurpation graduelle se met en route avec l’accaparement de ce bien commun que l’on appelle semence, à savoir le principe même de la vie et de la survie. Peu de citoyens sont vraiment conscients de ce « hold-up » qui est fait au détriment de l’ensemble de l’humanité par des confréries de profiteurs internationaux. "

La réglementation mise en place par l’Union Européenne, est restrictive pour le cultivateur, allant jusqu'à punir l'échange direct de semences, même gratuites. Par contre elle est largement permissive pour les industries qui s’arrogent le pouvoir sur la vie, s'approprient le monopole des graines par des brevets sur le vivant. C’est un très juteux marché. Mais à l'image des Colibris, un mouvement citoyen est à l’œuvre. Les graines non trafiquées sont « sauvées », reproduites, et s’échangent de mains en mains, parfois clandestinement. Sous toutes latitudes, de plus en plus d'agriculteurs reviennent à une culture plus respectueuse de la vie et ouvrent le chemin pour les Moissons du futur.

Multiplier et garder ses semences 

Puis, Miryam et Jean-Jacques Duvaux Rordorf racontent leur histoire avec les semences. Ils sont archéologues.  Dans les strates souterraines, ils trouvent non seulement des objets-témoins du passé, mais aussi des semences anciennes,  aujourd’hui perdues. Leur jardin est devenu refuge et réservoir de variétés multiples, aujourd’hui menacées. Bien sûr, comme archéologues, tout ce qui est sous la terre leur parle. Pour eux, c’est un patrimoine à sauvegarder, un héritage à transmettre de génération en génération.


Ils sont venus les bras pleins de ‘bébés-plantes’ qu’ils cultivent amoureusement, dont deux protégées spéciales qu’ils parrainent et multiplient cette année pour le compte de l’Association Kokopelli. Jean-Jacques, pétri de la sagesse terrienne que lui a transmise son grand-père cultivateur, partage alors généreusement avec tous les assistants ses graines et son savoir-faire, pimenté de mille petits trucs de jardiniers et d’histoires vécues.

La ville refuge de la nature

La vie est surprenante de ténacité. La biodiversité, menacée dans les campagnes, cherche des lieux-refuges et les trouve là où on ne l'attendait pas. Dans certaines grandes villes, une nouvelle attention est portée à la présence de la nature indigène, l’entretien des parcs et promenades fait place à la nature sauvage, la population est encouragée à transformer les balcons-géranium en potager de poche, agrémenté de fleurs mellifères.


Mais dans nos villages ce n’est pas encore le cas. Toutefois, des « Groupes nature » font un travail de sensibilisation auprès des communes et des habitants. En fin de compte chaque citoyen peut, à son niveau, faire une petite place accueillante pour la nature. En face de l’Atelier du Ruau, par exemple, quelques barriques, un mini-potager sur un mur se veulent témoins de notre opiniâtreté à sauvegarder le Vivant.

L’autre jour en semant les graines de tomates urbaines de Pro Specia Rara j'ai été saisie par une intuition: « Chacune de ces petites graines est un trésor que la vie place dans nos mains. Chacune porte en elle une promesse de moissons. Semer, c’est la raison de vivre la plus humble et la plus porteuse de sens qui nous soit donnée. Le potentiel prodigieux caché dans la semence porte en lui le murmure du divin, le mystère qui éclaire notre ‘Etre-au monde’ »

La rencontre se clôt sur une citation de la sagesse indienne hopi:
"Quand le dernier arbre sera abattu, 
la dernière rivière empoisonnée, 
le dernier poisson capturé, alors seulement 
vous vous apercevrez 
que l'argent ne se mange pas."

…et par une dégustation de légumes de saison tirés du panier de « Rage de vert ». Nous vous les recommandons!

Déjà des projets germent, des envies s'expriment : il faut continuer ce partage, faire des expériences et se les raconter. Pourquoi pas créer un armoire à graines, partager, partager, partager ces trésors infinis ?!



Fils de laine – liens d’humanité




Comment se fait-il que dix femmes d’ici, et d’ailleurs, de toutes générations (arrière-grand-mère, grand-mères, mères) se retrouvent assises en cercle, un tricot à la main, le 21 mars, à l’Atelier du Ruau de St-Blaise, à rire, à échanger, à travailler ensemble de la manière la plus naturelle du monde ?

Quelle Main les a rassemblées là… ?

Marcelle, l’aînée, Suisse romande pure souche, de la vallée de la Brévine
Brigitte, Suisse allemande établie à St-Blaise depuis 20 à 40 ans
Claudia, St-Galloise, d’origine italienne, mariée avec un Tunisien
Jurgita, jeune Lithuanienne, devenue Suisse par mariage
Maeza, Erythréenne, réfugiée, à Peseux depuis 6 ans
Syra et Ferial, Syriennes, nouvellement arrivées à Hauterive
Thérèse et Jeannette, membres de l’Atelier du Ruau
Et Valérie la jeune femme de Marin – par qui tout a commencé.

Oui, tout a commencé par un message de sa part, qui a presque passé inaperçu en septembre 2013 :
« Chères dames et demoiselles,

J’ai des laines à tricoter de toutes les couleurs et fils aux effets changeants. Je n’arriverai pas à tout utiliser, c’est pourquoi je souhaite en faire profiter celles qui en ont envie.

Celles qui ont du temps à disposition peuvent organiser un atelier tricot … »




Après un temps d’inertie, le message a passé de bouche à oreille, de mail box à mail box et un petit groupe a commencé à se réunir à l’Atelier du Ruau. Soudain, ce 21 mars 2014, tout ce petit monde se trouve réuni. Maeza a apporté une taillaule érythréenne, Sarah et Ferrial sont venues avec un délicieux gâteau syrien en nous annonçant que, dans leur pays, c’est aujourd’hui la fête des mères.

Aussitôt, une atmosphère de fête plane dans l’air. On fait connaissance. Chacune prend une pelote de laine, ressent son toucher, sa chaleur, se relie à l’Amour qui nous porte. Nous faisons circuler la laine et formons une sorte de toile d’araignée, visualisant les liens unissant nos histoires si différentes. Et puis on se met à l’ouvrage. On se montre des points, des modèles et s’enseigne mutuellement.

Ferial et Syra n’arrivent pas encore à s’exprimer en français et, spontanément, se mettent à parler l’arabe. Il se révèle alors que Maeza l’Erythréenne et Claudia la St-Galloise les comprennent et arrivent à nous traduire avec leurs rudiments de français ce qu’elles veulent nous dire.

Pendant le goûter, jaillit l’idée qu’un jour d’été nous pourrions nous retrouver et cuisiner chacune sa spécialité, ce qui nous donnerait l’occasion d’organiser une Fête de quartier et d’inviter largement nos connaissances. Affaire à suivre…